Ebourgeonnage, montée de bases et binage : les activités sont variées !
Avec le retour des beaux jours et la hausse des températures, la pépinière s’éveille et le végétal sort doucement de sa torpeur hivernale. Notre travail de pépiniériste prend tout son sens à cette saison car, si la plantation, les greffes et les arrachages sont des étapes charnières, la formation de l’arbre reste l’essence même de notre métier.
Notre rôle de pépiniériste est de former l’arbre, de le travailler manuellement tout au long de sa croissance, pour lui donner une forme qui vous permettra de produire des fruits.
C’est une grande satisfaction de voir s’épanouir jour après jour les différentes espèces, de constater les variations de pousse entre les variétés et de retrouver les sons et les odeurs de la faune et de la flore environnantes.
En ce mois d’avril nous constatons déjà une légère avance de croissance par rapport à l’année dernière.
Nous avons actuellement trois parcelles en production :
- La première, plantée en 2023, a été partiellement arrachée l’hiver dernier. Une partie a été conservée car les demi-tiges et les quenouilles requièrent une année de production supplémentaire.
- La seconde, plantée en mars et écussonnée en août 2024, est en cours de formation pour être partiellement arrachée l’hiver prochain.
- La troisième, plantée en mars 2025, sera écussonnée en août prochain pour être formée et arrachée en 2026.
Pour plus de simplicité nous parlons toujours de la pépinière en faisant référence à son année de plantation.
Dans la parcelle de 2023, depuis le début du printemps nous avons surtout retravaillé les scions qui sont reconduits en quenouilles. Tous les arbres ont été rabattu à la hauteur souhaitée, puis les axes ont été nettoyé de leurs branches afin de privilégier les sorties de branches en têtes afin d’obtenir de belles quenouilles de forme gobelet.
Nous avons également commencé à travailler les demi-tiges écussonnées l’été 2024 afin que le houppier soit solide, dense et bien branché. Les demi-tiges passent au minimum 3 ans en pépinières, elles sont en décalage avec le reste de nos arbres. Certaines demi-tiges ont aussi été regreffées en fente afin de répondre à des commandes spécifiques.
Enfin, les arbres arrachés l’hiver dernier ont laissé place à une petite zone que nous avons semé en tournesol.
Dans la parcelle de 2024, les cognassiers et les abricotiers qui sont dans les premiers à débourrer ont déjà dû être attachés deux à trois fois à leur tuteur de bambous et nous avons débuté les montées de bases. Cela consiste à couper à leur base, les petites branches qui sortent sur l’axe principal. Nous ne conservons pas ces branches qui sont trop basses.
Nous attachons parfois les jeunes pousses à un tuteur quand nous jugeons qu’une variété ne pousse pas assez droit naturellement, ou bien nous apposons seulement une attache à l’onglet en début de croissance. L’onglet est une partie de porte-greffe que nous avons volontairement conservé plus haut afin de servir de « guide » à la greffe dans les premières semaines, quand celle-ci est encore fragile et susceptible de se rompre avec le vent.
Les autres espèces ne sont pas en reste ! Les amandiers, pruniers et pêchers sont légèrement plus petits que les abricotiers bien que cela dépende des variétés.
En raison des disparités de débourrement et de vigueur de nos 150 variétés, nous passons toutes les semaines, voire plusieurs fois par semaine dans chaque rang. On peut parfois constater qu’une variété est déjà poussée de 30 cm et que les premières bases ont été retirées tandis que la variété voisine sort à peine de sa dormance. Il faut alors s’adapter et composer avec la nature, c’est ce qui rend notre métier si passionnant !
Les petits derniers à pointer le bout de leurs feuilles sont les pommiers, les poiriers et les cerisiers. Quelques variétés commencent tout juste à débourrer mais dans quelques semaines ils auront rattrapé leur retard de croissance.
Evidemment, comme dans toute culture, nous ne maitrisons pas tout, nous avons par exemple certains lots de cerisiers qui ne sont pas aussi bien réussi que les autres, nous avons acté un changement de méthode de greffage pour remédier à cela et augmenter notre taux de reprise. Les insectes et notamment les chenilles, ont fait leur grand retour et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles avaient TRES faim ! Nous avons passé du temps à les chasser de nos arbres car même si les papillons de nuit sont importants, nos petits protégés ont besoin de leurs feuilles pour s’épanouir. Rassurez-vous nous n’avons pas traiter, seulement retirer les chenilles des feuilles et déplacer loin de la parcelle. Quelques pucerons sont arrivés mais nos meilleures alliées, les coccinelles, les ont suivis de près et ont très vite régler le problème.
Un lièvre est également passé à table et a fait quelques dégâts. Nous hésitons à poser une clôture autour de la pépinière de 2025, espérant que lièvres et chevreuils trouvent leur nourriture dans les haies et les bois mais il semblerait que l’appétence des jeunes pousses sucrées soient plus forte que tout. Nous allons donc refermer la pépinière 2024 (un côté de grillage a été ouvert lors de la plantation de la parcelle voisine) et clôturer la parcelle 2025 dès que possible.
Dans la parcelle de 2025 le mot d’ordre est : patience. Les porte-greffes semblent bien repris, ils ont à présent tous des feuilles. Ils vont prendre du calibre et pousser jusqu’à ce que nous les greffions en août. Les greffes anglaises commencent à pousser également. Nous n’avons pas encore trop de travail dans cette pépinière ce qui nous permet de nous concentrer ailleurs. A cette période le principal travail consiste à surveiller l’état sanitaire des plants, entretenir la culture et surveiller les greffes anglaises pour ébourgeonner et attacher les greffes dès que nécessaire.
Afin de favoriser au maximum la biodiversité, la présence d’auxiliaires, de protéger les sols de l’érosion et de les garder vivant, nous avons semé tout autour de la pépinière, des bandes fleuries et des bandes enherbées mellifères. Nous avons hâte de voir les fleurs apporter de la couleur à notre environnement.
Dans l’ensemble des trois pépinières nous avons biné entre les rangs afin de maintenir le terrain propre et limiter la concurrence hydrique des prochains mois. Comme vous le savez nous n’utilisons aucun herbicide, le binage est donc répété régulièrement pour gérer la présence des plantes spontanées.
Vous l’aurez remarqué, notre travail se concentre actuellement sur la pépinière plantée en 2024. Elle vous sera proposée à la vente dès l’hiver prochain c’est pourquoi nous mettons tout en œuvre pour vous offrir cette saison encore des beaux arbres, sains et robustes. Les pré-commandes ouvriront dans quelques semaines, fin mai. Nous vous tiendrons informés dès l’ouverture, vous pouvez déjà commencer à réfléchir à vos futures plantations !
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